N‐terminale du peptide natriurétique de type B (NT‐proBNP)
L'insuffisance cardiaque est un syndrome clinique caractérisé par une perfusion systémique insuffisante pour répondre aux besoins métaboliques du corps, due à une anomalie cardiaque fonctionnelle et/ou structurelle. Elle provoque une baisse du débit cardiaque et/ou une élévation des pressions intracardiaques au repos ou lors de stress. La dysfonction ventriculaire gauche peut être l'un des précurseurs fonctionnels de l'insuffisance cardiaque.
L'insuffisance cardiaque (IC) est une maladie d'évolution progressive, responsable de la plupart des décès d’origine cardiovasculaire (mort subite et IC aggravée, principalement) chez les patients ambulatoires ou hospitalisés.
La terminologie décrivant l’IC se base typiquement sur la mesure de la fraction d'éjection ventriculaire gauche (FEVG). Selon les dernières lignes directrices de l'ESC, l'IC concerne un large éventail de patients comprenant aussi bien les patients à FEVG normale [typiquement considérée comme ≥ 50 %; IC avec FE préservée (IC‐FEp)] que ceux à FEVG réduite [typiquement considérée comme < 40 %; IC avec FE réduite (IC‐FEr)]. Les patients à FEVG entre 40 et 49 % représentent un groupe intermédiaire, une « zone grise » désormais définie comme IC avec FE intermédiaire (IC‐FEi). Les données de l'examen clinique et des techniques d'imagerie permettent de confirmer le diagnostic d'insuffisance cardiaque.
L’importance des peptides natriurétiques dans la régulation de la fonction cardiovasculaire est admise. Les peptides natriurétiques suivants ont été décrits: le peptide atrial natriurétique (ANP), le peptide natriurétique pro Brain (BNP) et le peptide natriurétique de type C (CNP).
De par leur pouvoir natriurétique et diurétique, et comme antagonistes du système rénine angiotensine aldostérone, l'ANP et le BNP agissent sur l'équilibre hydro‐électrolytique de l'organisme. Chez les sujets présentant une dysfonction ventriculaire gauche, les concentrations en BNP, comme celles du fragment d'acides aminés N‐terminal en théorie inactif, le NT‐proBNP, sont augmentées dans le sérum et le plasma. Le proBNP comprend 108 acides aminés. Il est principalement sécrété par les ventricules cardiaques et scindé en BNP physiologiquement actif (77‐108) et en fragment N‐terminal ou NT‐proBNP (1‐76).
Plusieurs études ont montré l’importance du dosage des peptides natriurétiques, notamment du NT‐proBNP, dans la prise en charge de l'insuffisance cardiaque du diagnostic au suivi. Les principales directives internationales recommandent donc de les utiliser en pratique clinique.
En fonction des symptômes observés, la sévérité de l’insuffisance cardiaque est classée en différents stades (NYHA I‐IV) selon la classification de la New York Heart Association. Dans la classification NYHA, le stade est d'autant plus élevé que les taux de NT‐proBNP sont augmentés et reflète la gravité de l'insuffisance cardiaque.
Les symptômes de l'insuffisance cardiaque ne sont souvent pas spécifiques et ne permettent pas de la distinguer d'autres affections telles que l’œdème pulmonaire (non cardiogénique), la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), la pneumonie ou le sepsis.
Les directives relatives à l'insuffisance cardiaque de l'ESC (Société Européenne de Cardiologie) recommandent le dosage les peptides natriurétiques (dont le NT‐proBNP) comme examen de première intention.1 Les patients dont le taux de NT‐proBNP est inférieur aux seuils attribués aux signes cliniques aigus ou non aigus ont peu de risque de présenter une IC: procéder à une échocardiographie n'est donc pas nécessaire. Un taux élevé de NT‐proBNP permet, en revanche, d'identifier les patients nécessitant un bilan cardiaque plus approfondi.1 Utilisé au seuil recommandé, le test Elecsys proBNP atteint une valeur prédictive négative située entre 97 % et 100 % selon l'âge et le sexe.
Ce test est également utile aux stades précoces de l'insuffisance cardiaque, période où les symptômes peuvent être transitoires ou ponctuels. La haute sensibilité du NT‐proBNP permet donc de détecter les formes légères de dysfonction cardiaque chez les patients asymptomatiques présentant une maladie cardiaque structurelle.
Le NT‐proBNP peut également servir au pronostic chez les patients présentant un syndrome coronaire aigu. L'étude GUSTO IV, dans laquelle plus de 6800 patients étaient impliqués, a montré que le NT‐proBNP est le meilleur prédicteur indépendant de mortalité dans le courant de l'année chez les patients présentant un syndrome coronaire aigu.
Chez les patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque en décompensation aiguë, la mesure des peptides natriurétiques réalisée avant la sortie de l'hôpital permet de classer le risque du patient à sa sortie. Les variations du taux de NT‐proBNP pendant l'hospitalisation se sont révélées être un puissant prédicteur de mauvais pronostic. Il a été montré qu'une baisse du taux de NT‐proBNP ≥ 30 % est corrélée à une évolution favorable, alors qu’une augmentation > 30 % est corrélée à un risque 6.6 fois plus élevé de réhospitalisation ou de décès à 6 mois.
Dans l'insuffisance cardiaque chronique, la concentration en NT‐proBNP peut être utilisée pour surveiller la progression de la maladie, prédire les complications et évaluer l'efficacité du traitement.
Les taux de NT‐proBNP élevés sont fortement prédictifs de complications et leur hausse est un signe de risque accru alors qu'une baisse importante affiche une amélioration clinique et un meilleur pronostic.
Lors du traitement de l'insuffisance cardiaque chronique, la diminution du taux de NT‐proBNP au cours de la maladie a été associée à une amélioration clinique. Cette interprétation des résultats de NT‐proBNP reste inchangée en cas de traitement par la nouvelle classe de médicament ARNI (Angiotensin receptor–neprilysin inhibitor, par exemple, sacubitril-valsartan): La dégradation du NT‐proBNP (contrairement à celle du BNP) n'est pas inhibée par l'effet du médicament, de sorte que les résultats ne sont pas augmentés par le mode d'action du médicament. Chez les patients sous sacubitril-valsartan, une baisse rapide et soutenue des taux de NT‐proBNP témoigne d'une diminution de la pression exercée sur la paroi ventriculaire et de l'efficacité du médicament, et est en corrélation avec une diminution du taux de mortalité cardiovasculaire et d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque.
Avant une chirurgie non cardiaque, le NT‐proBNP peut servir à évaluer le risque cardiaque périopératoire du patient.
Par ailleurs, le NT‐proBNP peut être utilisé pour identifier les patients exposés à un risque accru de cardiotoxicité (pouvant conduire à une insuffisance cardiaque) et être utile dans l'ajustement posologique et la surveillance de thérapies anti-cancéreuses cardiotoxiques ou d'interventions induisant une rétention hydro‐sodée ou une surcharge volémique (inhibiteurs sélectifs de la COX‐2, anti‐inflammatoires non stéroïdiens, etc.).
Une méta-analyse comprenant 95617 patients sans antécédents de maladie cardiovasculaire a montré que la concentration en NT‐proBNP permet de prédire la survenue de l'insuffisance cardiaque et d'améliorer la prédiction du risque de maladie cardiaque chronique ou d'accident vasculaire cérébral. Ceci suggère que le NT‐proBNP pourrait servir de biomarqueur dans les nouvelles approches thérapeutiques qui intègrent l'insuffisance cardiaque dans la prévention primaire des maladies cardiovasculaires.
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